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vendredi 13 janvier 2012

Di Rupo : Laurent Louis réveille un vieux dossier sexuel oublié.

13/01/12 12:44
Il y a quelques jours à peine, le député fédéral Laurent Louis (MLD) dénonçait sur Facebook et Twitter la vie privée de notre Premier Ministre Elio Di Rupo, se demandant s’il était parfaitement éthique qu’un homme de 60 ans, politique de surcroît, s’affiche dans une boîte de nuit bruxelloise avec de jeunes hommes n’ayant pas plus de 16 à 18 ans au compteur de leurs artères. Accusé de diffamation dans la plupart des médias, Laurent Louis se donne le droit aujourd’hui de la riposte dans une lettre ouverte envoyée à l’ensemble de la presse.

Dans une lettre ouverte intitulée « Ma vie au parlement : entre dégoût et désillusion », le député Laurent Louis donne le change aux médias ce vendredi matin, en justifiant ses allégations à force de preuves, pièces et témoignages qui seraient en sa possession.

Dans cette même lettre, le député entend partir en guerre contre « les corrompus, les pourris, les parvenus et les fils à papa, » et entend « mettre un terme à l’Etat PS et à ses dérives » afin de « rendre le pouvoir démocratique à (s)es concitoyens, en mettant en oeuvre dans ce pays une gouvernance irréprochable ». La guerre semble donc ouvertement déclarée contre l’homme le plus puissant du pays : le Premier ministre Elio Di Rupo.

De notre intervention controversée en Lybie, aux récentes élections douteuses en RD du Congo, en passant par les tueries du Brabant Wallon et la pédophilie au sein de l’Eglise, Laurent Louis passe tout au crible sans langue de bois et n’épargne personne au passage, tant au sein du pouvoir politique que du pouvoir judiciaire belge.

L’affaire Marc Dutroux

La dramatique affaire Dutroux nous est également rappelée à notre bon souvenir dans ses lignes. Selon le député, la théorie de l’abuseur isolée que le pouvoir en place a bien voulu véhiculer durant toutes ces années dans l’opinion publique masque en fait la thèse « plus réaliste » des réseaux pédophiles.

Selon Laurent Louis, l’enquête aurait été volontairement « orientée », des pièces auraient été « égarées », des vidéos auraient « disparu » et pire encore, toutes les investigations nécessaires n’auraient pas été faites à l’époque. Et le député d’évoquer notamment des cheveux et des poils n’appartenant pas à Julie et Mélissa qui auraient été retrouvés dans la cache à Marcinelle et qui n’auraient pas été soumis à des tests ADN.

Pire, les petites filles ne seraient pas mortes de faim conformément à la version officielle mais seraient décédés des suites d’abus sexuels violents et répétés.

« Craignant qu’il ne lui arrive quelque chose », Laurent Louis précise que tous les éléments et pièces dont il dispose ont été « mis à l’abri » et soulève une question d’importance : à qui profite ce silence coupable ? » et « pourquoi aucun parlementaire n’a jamais eu le courage de parler? Y a-t-il des intérêts supérieurs, voire des personnes hautement placées à protéger? Des hommes politiques? Des religieux? ».

Elio Di Rupo

La lettre de Laurent Louis se poursuit ensuite sur Elio Di Rupo, rappelant à notre mémoire un certain nombre de plaintes ayant été déposées à l’encontre du Premier Ministre il y a quelques années. Le député relaye ces informations d’un site internet dénonçant les faits de pédophilie.

Di Rupo aurait, entre autre, été surpris avec des mineurs de 13 et 14 ans avec lesquels il aurait eu des relations sexuelles. Plusieurs faits du même ordre sont révélés, étayés de témoignages et soulignés par des PV d’audition.  Ainsi, au mois d’août 1989, Di Rupo aurait été interpellé par deux policiers à Bergen en compagnie de deux jeunes garçons âgés de 12 et 13 ans à bord de son véhicule, leurs pantalons baissés. Mais, en conclusion d’un rapport daté du 3 décembre 1996, on peut lire : « Compte tenu de la réputation de M. Di Rupo, nous ne pourrons pas poursuivre ».

Dans quelle mesure les affirmations de Louis Laurent sont-elles correctes, il appartiendra à qui de droit de s’en justifier. Une chose est sûre, Elio Di Rupo va devoir se battre sur plusieurs fronts : car si du côté néerlandophone, c’est la N-VA qui n’a de cesse de lui asséner des coups, côté francophone il semble à présent que le MLD ait pris le relais.

Pour l’instant, le porte-parole d’Elio Di Rupo s’est abstenu de tout commentaire sur les déclarations fracassantes de Laurent louis. (AD)
Source: http://fr.clint.be/actua/binnenland/di-rupo-laurent-louis-reveille-un-vieux-dossier-sexuel-oublie

mercredi 27 novembre 1996

Dossier piégé...

Dossier piégé

« Le soir illustré » du mercredi 27 novembre 1996 pages 38 à 40

Dès le départ, nous ne le «sentions» pas, ce dossier. Une semaine de recherches ne nous a pas rassurés, au contraire: le dossier présenté par le procureur général de Bruxelles à la Chambre des Représentants semble bien être pourri.

- Celui qui accuse les ministres Jean-Pierre Grafé et Elio Di Rupo de pédophilie s'appelle Oliver Trusgnach. Depuis le 22 octobre dernier, il est en prison à Hasselt, pour avoir volé son ancien employeur, un restaurateur haut de gamme d'Hasselt. Ce jeune homme de 22 ans est bien connu dans les milieux homosexuels de la capitale où il passe pour un affabulateur. Et 'es diverses déclarations qu'il a faites à la police judiciaire de Bruxelles et à la BSR d'Hasselt sont en contradiction avec les informations que nous avons recueillies dans ces milieux.

- «J'ai rencontré Oliver pour la première fois dans le milieu gay d'Anvers en 1992. Il avait à l'époque 18 ans. C'est moi qui l'ai amené dans les boîtes homos de la capitale à la fin 1992», se souvient F. C'est précisément dans une de ces boîtes, «Le Garage», qu'Oliver va faire la connaissance de V. Ils se reverront chez ce dernier lors d'une soirée entre amis, pour fêter le réveillon, le 31 décembre 1992. Une courte relation va s'établir entre V et Oliver.

L'HOMOSEXUALITÉ COMME ASCENSEUR SOCIAL

- «Dans le milieu gay, précise V, les barrières sociales sont peu élevées. Un industriel peut sortir avec un ouvrier. Oliver voulait connaître mes amis comme JeanPierre Grafé et Elio Di Rupo. Il voulait fréquenter les gens socialement élevés». Rapidement, cette relation va s'arrêter. Oliver, charmant, poli, bien éduqué, a, à l'époque déjà, quelques tendances à la mythomanie. Ainsi, il se pare du titre d'Écuyer. Ce n'est qu'un début car plus tard, il distribuera son acte de naissance complètement bidon où il apparaît affublé du titre de prince. Mais cela fonctionnait manifestement puisqu'il a réussi l'exploit de se faire inviter au Te Deum du 21 juillet dans la basilique de Koekelberg! Il est vrai qu'il s'y faisait passer pour le vice-consul des Seychelles.

PREMIÈRE RENCONTRE

- Mais reprenons le fil du temps. C'est le 3 juillet 1993 lors d'une soirée au château du Karreveld à Molenbeek qu'Oliver Trusgnach fait la connaissance de Jean-Pierre Grafé. Elio Di Rupo, lui, n'est pas présent. Oliver est âgé à ce moment-là de 19 ans. Il est donc majeur. Dans ce petit milieu homo de la capitale, tout finit toujours par se savoir. S'il semble bien qu'Oliver et Jean-Pierre Grafé aient eu une relation, il n'y a jamais eu d'écho sur Elio Di Rupo.

- Mais pour Oliver, les choses vont commencer à mal tourner début 1995. Même s'il allait régulièrement à la messe et s'il prétendait qu'il allait entrer au séminaire, Trusgnach commence à voler plusieurs de ses amis. Il doit quitter la Belgique et voyage un peu partout en Europe. Il a Londres comme point de chute. En 1996, il revient au pays pour travailler dans un grand restaurant de Hasselt, où il commet un vol pour environ quatre millions au début du mois de juillet dernier. Ce n'est que le 22 octobre dernier que la BSR d'Hasselt parviendra à le coincer, sur base, semble-t-il, des déclarations de sa mère. Il va commencer à se «mettre à table». Mais avant d'en arriver là, il faut reprendre l'histoire d'Arthur. Celui-ci est désigné par le milieu gay de la capitale comme un informateur de la PJ de Bruxelles et plus particulièrement du commissaire Georges Marnette. Ce qui nous est confirmé de source judiciaire. C'est cet informateur qui a désigné Oliver Trusgnach comme un indic potentiel dans l'affaire Grafé - Di Rupo. Lorsque nous l'avons rencontré, Arthur a nié être cet informateur.

L'INFORMATEUR COINCÉ DEPUIS 1995

- Arthur a des ascendants arabes. pour des vols de cartes de crédit et pour des faits de prostitution. Lorsque nous l'avons interrogé sur ces éléments, Arthur, a préféré ne pas répondre. Il nous a cependant annoncé qu'au lendemain de notre rendez-vous, il préférait partir se mettre au vert à l'étranger.

- C'est, semble-t-il, sur base de déclarations d'Arthur qu'un dossier est ouvert le 6 septembre dernier sur des faits de pédophilie à charge.
«En septembre 1995, j'ai été arrêté à l'hôtel Hilton. J'avais demandé une chambre avec vue sur le Palais de Justice. Or, il s'y déroulait le procès du GIA. La PJ est intervenue en force et m'a interpellé pendant une dizaine d'heures».

- Selon Nicolas (un prénom de substitution comme pour Arthur), une personne qui connaît très bien
Arthur, «il m'a parlé de deux interrogateurs qui travaillaient sur Elio Di Rupo et qui lui demandaient s'il était homosexuel».
Aujourd'hui, Arthur ne s'en souvient plus. Mais cela signifierait qu'Elio Di Rupo est dans le collimateur de certains membres de la PJ de Bruxelles depuis plus d'un an.

- Selon le milieu gay de Bruxelles toujours, la PJ «tiendrait» Arthur d'Elio Di Rupo et de Jean-Pierre Grafé par la PJ de Bruxelles. Ce dossier, pour une raison inexpliquée, sera rapidement refermé. On sait qu'à l'époque, le commissaire Georges Marnette tentait par tous les moyens de «rentrer» dans les dossiers de pédophilie traités depuis l'arrestation de Marc Dutroux par Neufchâteau.
Avec l'arrestation d' Oliver Trusgnach par la BSR d'Hasselt, tout va s'accélérer. Arthur en est informé le jour même. Le commissaire Marnette en est prévenu. Oliver pourrait donner des informations sur Di Rupo. Mais Arthur dénonce également un trafic de cassettes vidéo pédophiles. Le parquet de Bruxelles rouvre un nouveau dossier.

GÉOMÉTRIE VARIABLE
- Dans sa première déclaration,faite le 22 octobre devant la BSR,Oliver Trusgnach explique qu'il a rencontré Elio Di Rupo une seule fois à l'âge de 19 ans, sans que cette rencontre n'ait un caractère sexuel. Le même jour, le commissaire Marnette prend contact avec le parquet de Hasselt pour interroger Trusgnach. 
Il le rencontrera pour la première fois le lendemain 23 octobre en compagnie de deux de ses hommes, mais ne rédigera pas de procès-verbal.

C'est le 24 que les deux hommes du commissaire Marnette revoient Oliver qui commence à charger Elio Di Rupo. Il le rencontre cette fois à 17 ans (il est mineur) et entretient avec lui des relations sexuelles pendant un mois.

Le 28 octobre enfin, entendu à nouveau par la BSR, Trusgnach abaisse encore l'âge auquel il dit avoir rencontré Elio Di Rupo (15 ans, en dessous de la «majorité sexuelle» cette fois) et allonge la période de leur relation (neuf mois). Il se lance également dans une description précise des types de rapports qu'ils auraient eu et dénonce «des partouzes avec des mineurs auxquelles M. Di Rupo aurait participé». Tout en ajoutant, parlant de ces rencontres spéciales:
«Je n'y ai moi-même pas assisté. Cela m'a été rapporté par des membres de la police judiciaire. Ils semblent intéressés surtout dans leur enquête par Di Rupo en raison de sa position actuelle».

- Quelque temps plus tard, le commissaire Marnette, mis à l'écart des enquêtes de Neufchâteau, claquait la porte et annonçait qu'il partait en vacances pour un bon mois.

DOSSIER «LÉGER»

- Le 15 novembre, poussé par quelques médias flamands qui disposaient de certains procès-verbaux émanant de la PJ de Bruxelles, le parquet de Bruxelles mettait à l'instruction le trafic de cassettes dénoncé à la PJ par Arthur mais confiait, fort curieusement, le dossier à la Gendarmerie. Cela donnait lieu aux perquisitions négatives du 15 novembre dernier. Les journaux flamands, relayés par Herman De Croo, mélangeaient le tout et, le lundi 18 novembre, le parquet général de Bruxelles transmettait le dossier à charge d' Elio Di Rupo et de Jean-Pierre Grafé aux différentes assemblées concernées. Celles-ci, fort sagement, demandaient à la cour de Cassation de poursuivre l'enquête avant de se prononcer sur un renvoi des deux ministres devant cette même cour de Cassation.

- La mère d' Oliver Trusgnach a encore déclaré, après avoir rencontré son fils en prison, que ce dernier lui avait confié son intention de se rétracter dès sa sortie de prison et d'expliquer ce qui l'a poussé à faire ce type de déclarations.

- Voilà donc pour les faits. Ils laissent pantois. Car les déclarations que nous ont faites certains gays de Bruxelles donnent du poids à la toute première déclaration d'Oliver Trusgnach pour laquelle aucune action judiciaire ne pouvait être entamée à l'encontre du vice-premier ministre. S'agit-il d'un contre-feu? C'est peu probable car ces personnes disposent, à l'appui de leurs dires, de documents et de photos. Trusgnach, pour sa part, affirme également disposer de preuves sous forme de documents et de photos. Mais il n'a pas voulu les fournir aux enquêteurs.

DEUX DOSSIERS DIFFÉRENTS

- On pourrait également penser que Trusgnach aggrave, au fil des auditions, ses accusations parce qu'il craque. On constatera cependant que c'est après la visite du commissaire Marnette et de deux de ses hommes que cela se passe. De même, dans les milieux judiciaires, on étudie actuellement la légitimité de l'apostille qui a permis au commissaire Marnette d'intervenir dans le dossier de Hasselt.

- D'autre part, c'est dans la précipitation et sous la pression de quotidiens flamands (qui, d'après Arthur, ont bénéficié de fuites émanant d'un membre du VLD, les libéraux flamands) que le parquet général de Bruxelles a transmis son dossier aux assemblées. Cela paraît fort léger. En effet, les personnes citées par Trusgnach que nous avons rencontrées nous ont affirmé ne pas avoir été interrogées par les autorités judiciaires, ni avant l'envoi des dossiers, ni depuis.

- Les dossiers concernant les deux ministres sont cependant différents. Les faits reprochés au ministre Grafé sont en effet plus graves. Pour Elio Di Rupo, on parle de viol sur un mineur de plus de 14 ans et de moins de 16 ans». On a vu ce qu'on peut en penser. Pour JeanPierre Grafé, par contre, les faits «pourraient être qualifiés de viols sur mineurs d'âge de plus de 10 ans». Dans le cas Grafé, et contrairement à Di Rupo, le procureur général de Bruxelles évoque encore l'article 377 du code pénal qui parle de l' «ascendance» ou de l' «autorité» que le coupable peut avoir sur une victime ou encore que le coupable ait «été aidé par une ou plusieurs victimes».

- Dans les milieux judiciaires, certains magistrats se déclarent «outrés» par ce dossier et craignent pour le futur des véritables et sérieuses enquêtes sur les réseaux de pédophilie qui se déroulent actuellement et qui touchent des proches du ministre Grafé. On aurait voulu pourrir le climat et discréditer ce type d'enquêtes qu'on ne s'y serait pas pris autrement.

Philippe Brewaeys.

mercredi 20 novembre 1996

Le syndrome Dutroux menace le gouvernement belge. La demande de mise en accusation de deux ministres francophones pourrait faire éclater la coalition.

20 NOVEMBRE 1996 À 01:15

Benelux de notre correspondant
La demande de mise en accusation par la justice belge du vice-Premier ministre fédéral, Elio Di Rupo, et du ministre de l'Enseignement de la communauté francophone, Jean-Pierre Grafé, pour faits de pédophilie éveille désormais, dans une Belgique déjà déstabilisée par les scandales, le fantôme d'une crise de régime. Le cas d'Elio Di Rupo, chef de file des ministres socialistes et numéro 2 du gouvernement après le Premier ministre social-chrétien, Jean-Luc Dehaene, est perçu comme étant susceptible de faire éclater le gouvernement et de conforter l'opinion publique belge dans sa formidable défiance envers les institutions.

Hier, le président de la Chambre a annoncé la mise en place d'une commission spéciale qui décidera ou non de renvoyer Elio Di Rupo devant la Cour de cassation pour y être jugé. Cette procédure respecte formellement la présomption d'innocence de l'intéressé, mais on voit mal comment, dans le climat délétère belge où soupçons, rumeurs, délation et dysfonctionnements des services de l'Etat sont à l'ordre du jour, le vice-Premier ministre pourrait encore éviter de présenter sa démission.

Un pays traumatisé. Déjà, la presse flamande, qui avait révélé l'affaire ce week-end, réclame la tête du «charmant wonder boy» Di Rupo, tandis que les journaux francophones parlent, eux, de «chasse aux sorcières» ou du «retour de l'ordre moral». Car, dans un pays traumatisé depuis le mois d'août par les suites de l'affaire des enlèvements et meurtres de fillettes perpétrés par le pédophile Marc Dutroux et sa bande, la suspicion est générale. Il y a un mois exactement, 250 000 personnes ont participé à Bruxelles à la «marche blanche», une manifestation qui devait consacrer la solidarité des participants avec les parents des jeunes victimes des pédophiles. En réalité, le déferlement de la foule était généré par un rejet des institutions judiciaires et politiques, les Belges étant persuadés que des personnes haut placées, magistrats ou hommes politiques, protègent des réseaux de pédophiles et y participent. En fin de semaine dernière, les parents des fillettes assassinées ont été jusqu'à réclamer la démission du ministre de l'Intérieur et même menacé d'organiser une nouvelle manifestation dans la capitale, une «marche rouge de la colère» cette fois, si l'enquête n'avançait pas plus vite. Une telle annonce a fait frémir le monde politique belge tant la popularité des parents des victimes de Dutroux est grande dans le pays.

Dénonciations anonymes. Mais ce ne sont plus vraiment les bavures de l'enquête ayant permis à Dutroux de trop longtemps poursuivre ses agissements qui sont en cause. Les Belges veulent surtout «les noms des salauds qui ont abusé de nos enfants», comme le proclamaient, le mois dernier, les pancartes de manifestants devant le palais de justice de Bruxelles. L'appel à la délation a été très officiellement lancé, à la mi-octobre, par le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte, peu avant qu'il ne soit dessaisi du dossier Dutroux pour «partialité». En demandant à la population, qui le considérait comme un héros national, de rapporter tout fait de pédophilie constaté en appelant un numéro vert, ce magistrat aux conceptions de travail toutes personnelles a sans doute amorcé la machine infernale sans que personne n'ose s'y opposer. Depuis, il pleut des coups de fil anonymes sur le réseau des télécommunications du pays et la gendarmerie a fait bonne moisson de témoignages en tous genres.

Ce sont justement plusieurs déclarations de jeunes garçons s'adonnant à la prostitution qui sont la cause des déboires des deux ministres francophones. Rien à voir avec l'affaire Dutroux, et il semble même que les faits qui pourraient être reprochés à Elio Di Rupo remonteraient à une période antérieure à sa nomination au gouvernement. Celui-ci tente désespérément de jouer la clarté et ne fait pas de mystère sur son homosexualité tout en rejetant farouchement toute accusation de pédophilie. «Aucun acte de ma vie privée n'a jamais porté atteinte à qui que ce soit.»

Pour ce fils d'immigrés italiens âgé de 45 ans, le scandale qui le touche est d'autant plus tragique qu'il pourrait bien briser une carrière exemplaire. Fringant, charmeur, arborant cheveux longs et noeud papillon, Elio Di Rupo faisait, il y a peu encore, l'objet de portraits élogieux dans les journaux belges. Lui, le gamin défavorisé de Mons, orphelin de père, avait accompli une percée fulgurante pour être nommé, en 1994, vice-Premier ministre, alors même que la perspective de devenir le numéro 1 de son parti semblait à portée de main. Pour le PS, saigné à blanc par d'innombrables scandales, la catastrophe est sans mesure. Elio Di Rupo avait justement été promu prince héritier du PS pour combler le vide laissé par son prédécesseur Guy Coëme. Celui-ci, impliqué dans le scandale des pots-de-vin Agusta, avait dû démissionner en janvier 1994 après que la justice eut demandé au Parlement sa mise en accusation devant la Cour de cassation".

EPHIMENCO Sylvain
Source: http://www.liberation.fr/monde/1996/11/20/le-syndrome-dutroux-menace-le-gouvernement-belge-la-demande-de-mise-en-accusation-de-deux-ministres-_187967